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raison des dissidences et des passions politiques chez quelques individus. Un tel état de choses est plus que jamais déplorable ; car nous sommes trés-avancés dans la lutte, et, suivant l’opinion de beaucoup de gens, nous approchons d’un heureux dénouement. Les yeux de l’Europe sont fixés sur nous, et je suis convaincu que plus d’un espion politique est occupé à nous surveiller pour découvrir notre situation et donner avis de notre faiblesse. »

C’est la lettre d’un patriote dont les inquiétudes ne sont que trop justifiées. En effet, l’année 1779 et l’année 1780 se passèrent pour l’armée américaine dans des souffrances inouïes. Au commencement de 1779, on avait à peu près la certitude d’avoir le secours de la France ; il sembla alors que, dès que cette grande monarchie allait se prononcer pour l’Amérique, il n’y avait plus rien à faire ; les secours envoyés à l’armée furent au-dessous de tous les besoins. On voit, par exemple, dès 1779, l’armée rester sans manger pendant deux jours, et les troupes du Connecticut se révolter parce qu’elles n’ont ni habits, ni souliers, ni nourriture.

En même temps la dépression du papier-monnaie faisait des progrès rapides. En 1777, pour cent francs en argent, on avait cinq cents francs en papier ; en 1780, pour la même somme, on avait quatre mille francs. J’ai trouvé le compte d’un membre du congrès, Elbridge Gerry, qui servit quatre ans dans cette assemblée ; on lui devait quarante mille livres sterling (un million de francs en papier), ils furent liquidés par vingt-deux mille francs en argent.

C’était une souffrance pour le particulier ; mais pour