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l’abîme ; nous comprendrons alors à quel point le droit d’établir et de percevoir l’impôt est nécessaire à un gouvernement. C’est là une étude intéressante, car, en règle générale, on aime peu à payer l’impôt, et il est bon de savoir que cet impôt que nous payons est le prix de notre sécurité et de notre liberté. Je ne dis pas qu’après cela nous en arriverons à adorer le percepteur, mais nous apprendrons à le respecter comme un agent sinon très-aimable, au moins très-nécessaire.

Une fois la confédération établie, il fallut pourvoir au déficit. Pour cela, le congrès demanda aux États huit millions de dollars ou quarante millions de francs. La demande était forcée, mais obtenir de l’argent était à peu près impossible. C’était aux États, vous le savez, qu’il appartenait d’établir les impôts. Le congrès votait la dépense, c’était ensuite chacun des treize États qui devait fournir les ressources. Or aucun État ne se pressait de s’exécuter ; les huit millions de dollars n’étaient pas payés au milieu de l’année 1783 ; on n’avait encore perçu que cinq cent mille dollars. C’était ce déficit qui avait paralysé les opérations de l’armée pendant l’année 1781. Le congrès ne pouvait se faire illusion sur sa faiblesse, il eut recours à Washington. Ce fut lui qu’on pria d’écrire aux États particuliers pour obtenir de l’argent et des soldats. Washington écrivit donc une première circulaire le 22 janvier 1782. Cette lettre, adressée au gouverneur de chaque État pour être soumise aux assemblées, disait cette grande vérité que malheureusement on ne voulait pas entendre : Que la bonne économie, l’intérêt du pays en même temps que