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déclara qu’il ne pouvait pas convoquer l’assemblée hors du temps légal, que la constitution ne lui permettait de le faire que dans les circonstances extrêmes et qu’on n’en était pas là. Le congrès revint à la charge, mais inutilement. L’opposition de New-York fît avorter un projet qui eût évité la banqueroute.

Ce fut alors, en désespoir de cause, qu’Hamilton prit l’initiative d’un grand mouvement ; il imagina de s’adresser non plus aux États, mais au peuple, et de lui demander de sauver l’Union. Ce fut ce mouvement, commencé par Hamilton et secondé par Washington, qui décida du sort de l’Amérique. Il avait fallu quatre ans de misères pour faire comprendre aux Américains la nécessité d’un gouvernement central.

Voilà dans quelle anarchie financière l’Amérique était tombée. Nous allons la voir maintenant dans l’impossibilité de traiter avec l’étranger, faute d’un gouvernement armé de pouvoirs suffisants. Cela nous étonne, nous qui sommes habitués à nous reposer sur le pouvoir exécutif sans nous rendre compte des éléments qui le composent. Voyons maintenant comment l’Amérique reconstitua son gouvernement, non point en vertu de théories préconçues, mais par nécessité. Voyons comment au pouvoir financier il lui fallut joindre le pouvoir de faire des traités et de les faire exécuter, et enfin le pouvoir législatif.

Ce fut en 1784 que le traité avec l’Angleterre fut ratifié. À ce moment le congrès n’était composé que de vingt-quatre personnes. L’Angleterre s’empressa d’exécuter le traité ; elle leva le blocus des ports, retira