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sache parfaitement ce que c’est qu’une constitution. Deux savants du dernier siècle causaient ensemble. « Il n’y a, disait l’un d’eux, qu’un seul grand tragique en France. — Je suis de votre avis, disait l’autre. — Un seul qui soit le rival du grand Eschyle, qui puisse être mis en parallèle avec Sophocle et Euripide. — Assurément. — C’est le vieux Corneille, reprit le premier. — Point du tout, fit le second, vous n’y êtes pas : c’est Voltaire. »

Il en est de même en fait de constitution. Tant qu’on ne parle que du mot, tout le monde est d’accord ; mais, quand on en arrive à la chose, on ne s’entend plus. Ce qui, en France, a toujours fait échouer la liberté, c’est qu’on a toujours demandé aux nombreuses constitutions dont nous avons essayé ce qu’elles ne pouvaient pas nous donner.

Qu’est-ce donc qu’une constitution ? Prenons-en une qui nous serve de modèle ; comparons l’idée qu’on se fait en France à cet égard avec celle qu’on en a en d’autres pays.

Je prends pour modèle la constitution des États-Unis. J’y vois d’abord l’organisation des pouvoirs. Le pouvoir législatif est partagé entre deux grands corps, le sénat et la chambre des représentants. Le pouvoir exécutif est confié à un président élu pour quatre ans ; le pouvoir judiciaire est remis à une cour fédérale. Puis viennent les amendements introduits par le peuple américain ; ils contiennent certaines dispositions qui ont pour objet de garantir la liberté et de mettre des limites à l’autorité, non-seulement du président, mais