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affaire. Ils allaient envoyer un ambassadeur à Madrid, quand l’Espagne prit les devants et envoya un ministre en Amérique. Cet Espagnol, don Diego Gardoqui, arrivait avec des instructions bienveillantes pour l’Amérique. L’Espagne et la France, unies par le pacte de famille, avaient toutes deux favorisé l’émancipation. Mais ce diplomate avait les vieilles traditions espagnoles qui pouvaient se résumer en ceci : « Ne jamais laisser entrer dans nos colonies quiconque n’est pas Espagnol. » C’était là une jalousie d’autant plus enracinée, que l’Espagne possédait les colonies où se trouvent l’or et l’argent, et les Espagnols s’imaginaient que le monopole de ces métaux assurait la suprématie de l’Espagne. C’est là une illusion qui ruina complètement l’Espagne. L’histoire du roi Midas a été faite pour elle. Elle avait de l’or et pas de pain.

Don Diego proposa de conclure un traité de commerce et offrit d’acheter à l’Amérique, et de lui payer en or et en argent, tous les bois de construction dont l’Espagne avait besoin. Mais il ajoutait : « Quant à la navigation du Mississipi, n’y songez pas ; le fleuve nous appartient. » C’est avec cette habile politique que l’Espagne a perdu ses colonies et sa puissance.

Le ministre américain chargé de traiter avec don Diego était M. Jay. Il disait, et avec raison, à l’envoyé d’Espagne : « Nous avons des populations qui sont encore peu considérables sans doute, mais qui seront un jour très-nombreuses. Ces populations ont besoin d’une grand’route qui les mène à la mer. Si vous ne voulez pas les laisser passer de bon gré, elles passeront de