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navigation par l’embouchure du Mississipi. Dans vingt ans, ces territoires aujourd’hui inhabités seront de grands États ; il sera temps d’aviser. »

Vaincu par la ténacité espagnole, M. Jay, pour en finir, proposa au congrès une transaction diplomatique, un traité où, sans céder en principe, les États-Unis renonceraient à exercer leur droit de navigation pendant vingt ans[1].

Dans le vote du congrès il se fit une division significative :

Tous les États qui avaient intérêt à ramener les intérêts de l’Ouest vers l’Atlantique votèrent pour le traité. On vota ainsi depuis la Pensylvanie jusqu’à l’extrémité de la Nouvelle-Angleterre. Tous les États, au contraire, qui avaient intérêt à écouler leurs marchandises par le Sud, votèrent contre les résolutions du congrès. Il y eut donc sept États qui votèrent pour, et cinq qui votèrent contre le principe du traité. Comme selon la constitution il fallait neuf voix pour qu’un traité fût valable, on déclara que, puisque sept voix seulement approuvaient le traité, le vote était nul. On ne pouvait négocier dans ces conditions, on chercha un autre moyen.

À cette époque, le congrès discutait portes fermées, et quand il en est ainsi, cela veut dire qu’il n’y a qu’un certain nombre de personnes qui savent ce qui se passe dans une assemblée ; mais ce petit nombre parle, et son secret est celui de la comédie. On sut bientôt, dans les

  1. Curtis, t. I, p. 325.