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qu’on ne peut le lui enlever sans détruire la sécurité sociale.

Tandis que le congrès s’affaiblissait à l’intérieur aussi bien qu’au dehors, les États étaient tout ce qu’il y avait de plus vivant. Les États s’organisaient, refaisaient leurs constitutions, et, il faut le dire, ces constitutions sont en général excellentes. C’étaient toutes les libertés anglaises qui s’établissaient avec plus d’aisance, de facilité qu’en Angleterre, puisqu’on n’avait là ni église établie, ni noblesse qui pût gêner le mouvement de la démocratie. Toutes ces constitutions se ressemblent : deux chambres, un pouvoir judiciaire indépendant, des lois électorales très-larges. La démocratie se meut librement dans un cadre très-vaste.

Mais il ne suffit pas de faire une bonne constitution : il faut encore, quand une constitution est faite, qu’elle soit acceptée par le pays, et que chaque citoyen s’en fasse le défenseur. Le gouvernement libre, c’est à la fois le gouvernement le plus fort et le plus faible du monde, suivant l’état des mœurs et des esprits. Quand les constitutions libres sont acceptées par tous, chaque citoyen est le défenseur de l’ordre public ; il se porte là où il y a du danger, et par cela même il n’y a pas de danger. Il n’y a pas de troubles, car les troubles ne peuvent être le résultat que d’appels aux mauvaises passions ; et, quand tout le monde aime la liberté, on ne peut faire appel à ces mauvaises passions. Mais si les mœurs ne soutiennent pas les institutions, si elles ne sont pas patriotiques, alors il se passe ce que nous avons vu dans nos révolutions. Une minorité tur-