récentes, vous verrez qu’on a toujours donné au législateur le droit de tout faire. Il n’y a aucune liberté qu’il ne puisse entraver, comme il n’y en a aucune qu’il ne puisse étendre à l’infini. L’omnipotence du pouvoir législatif, voilà le principe français. Je n’hésite pas à dire que l’Amérique a raison de ne pas l’admettre. Qu’il s’agisse d’un prince ou d’une assemblée, un peuple ne doit abdiquer entre les mains de personne. Le mandataire doit toujours avoir un mandat déterminé. Remettre à un corps quelconque les libertés qui doivent appartenir au pays, c’est toujours risquer qu’une assemblée n’y porte atteinte. Qu’il ait cent têtes ou qu’il n’en ait qu’une, le despotisme ne vaut jamais rien.
Nous avons donc besoin d’aller à l’école de l’Amérique pour apprendre qu’une constitution n’est pas une confiscation de la vie nationale au profit d’une ou deux chambres, mais simplement une loi qui, réservant la souveraineté nationale, et ne la déléguant jamais dans son entier, organise les pouvoirs publics dans des limites déterminées, et voit dans ces limites la garantie de la liberté.
Cherchons maintenant ce qu’ont été nos constitutions françaises ; nous allons voir que sous un même mot nous avons toujours entendu des choses fort différentes.
Avant 1789, la France avait-elle une constitution ? Les parlementaires disaient oui : le parlement se targuait de la résistance qu’il faisait quelquefois au roi, au nom de la constitution nationale. Les philosophes disaient non ; puis, entre les parlementaires et les philosophes, se groupaient les sages, ceux qui, en tout