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pendant cette œuvre qu’entreprit Hamilton avec ses amis Jay, Madison, et à côté d’eux Washington. C’est à ces hommes que l’Amérique doit sa prospérité, soixante-dix ans de bonheur, et une constitution qui restera toujours comme un modèle achevé ; car elle a résolu le grand problème de constituer un gouvernement fort et de respecter l’indépendance locale.

La crise devenait terrible ; mais ces souffrances, cette misère, pouvaient aider les patriotes à raviver l’esprit public. Ce fut par le côté des intérêts, — ce sont toujours les intérêts qui se plaignent, sinon les premiers, au moins le plus fort ; — ce fut par le côté des intérêts qu’on vit le moyen de saisir l’esprit public, et de soumettre à la nation cette grave question d’une réforme de la constitution. Les États qui avoisinaient l’Atlantique trouvaient commode d’établir des droits d’entrée sur les marchandises étrangères, droits qui étaient payés en réalité par les consommateurs, c’est-à-dire par les habitants des États qui ne touchaient pas à la mer. Rhode-Island trouvait fort avantageux d’être un entrepôt maritime, et de vivre aux dépens de ses voisins. On comprend, au contraire, que la Nouvelle-Jersey, qui se trouvait prise entre l’État de New-York et la Pensylvanie, la Caroline du Nord placée entre la Caroline du Sud et la Virginie, éprouvaient, par suite de cet état de choses, de grandes souffrances. Ce n’était pas seulement les États moins favorisés et moins proches de la mer qui se plaignaient, c’étaient aussi les États qui avoisinaient un même fleuve, un même bras de mer ; partout il y avait des jalousies, des rivalités. C’est