Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

titutionnelles demandées par le pays. Voilà la convention chargée de préparer un projet de constitution. Les procès-verbaux des séances de cette commission sont publiés. Le pays peut s’intéresser à la question qui s’agite, mais il ne se demande pas si on va faire de lui une aristocratie Spartiate ou une démocratie romaine. Non, il s’agit de savoir si le pouvoir judiciaire, par exemple, sera constitué de telle ou telle façon. C’est là toute la question. Le projet fait, le pays le discute, les journaux le critiquent, et enfin il est adopté par le vote populaire. La convention prépare l’œuvre constitutionnelle, mais ne se substitue pas à la volonté populaire et n’usurpe pas la souveraineté.

Voilà la grande perfection du système américain. Chez nous tout est simplicité en apparence, mais tout repose sur un sophisme. Le peuple est souverain en droit, mais la souveraineté est déléguée, et en fait le peuple est désarmé ; les législateurs sont les maîtres. Non, la souveraineté ne se délègue pas, car un peuple n’abdique jamais. On délègue un pouvoir défini, mais quelle nécessité de donner à une assemblée tous les pouvoirs ! Le système américain a l’air très-compliqué, il est en réalité d’une simplicité parfaite ; il part de ce principe : que le peuple est souverain, qu’il a des agents qui travaillent pour lui, et qui ont des fonctions déterminées. Quand il a chargé une convention de lui faire une constitution, cette convention, qui ne gouverne pas, n’a d’autre pouvoir que celui de faire la constitution que demande le peuple.

Telle est la théorie qu’Hamilton défendait, et, dans