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même, avec le droit que lui donnait l’amitié, la ligne de conduite à tenir pour prévenir un éclat fâcheux. Nous avons les lettres d’Hamilton. Quand l’émeute éclata, Washington suivit de point en point les conseils de ce jeune homme qui avait autant de prudence que d’énergie.

Au congrès, Hamilton se fit le défenseur de ses compagnons d’armes ; mais afin de pouvoir plaider leur cause sans qu’on l’accusât de défendre son propre intérêt sous couleur de soutenir l’intérêt commun, il déclara qu’il renonçait pour sa part à rien réclamer. Il fit valoir les services de ces hommes qui s’étaient sacrifiés pour l’Amérique, et demanda que le congrès reconnût les droits des officiers. Ce fut une lutte assez longue, et on ne manqua pas, lorsque l’émeute éclata, de prétendre qu’Hamilton l’avait vue avec plaisir sinon même suscitée. On ne voulait pas reconnaître les droits des officiers ; il fallut le sentiment du danger pour que le congrès se décidât à être juste. S’il avait écouté Hamilton, il n’aurait pas laissé dans l’histoire le souvenir de son ingratitude.

Une fois la dette militaire reconnue, restait une question tout aussi grave : c’était de savoir comment on la payerait. Il n’y avait pas d’argent ; il n’y avait que des assignats. On était à la veille d’une banqueroute, il fallait un financier qui éclairât le congrès. On le trouva dans Hamilton. Avec cette facilité prodigieuse qui lui permettait de se mettre tout de suite à une question et d’aller jusqu’au bout, il proposa au congrès de consolider toutes les dettes, en prenant à la charge de la con-