Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prend le premier rang dans le cœur de ses compatriotes. Il y a cependant des hommes qui parlent et écrivent encore : Samuel et John Adams, Jefferson, le rédacteur de la déclaration d’indépendance, et quelques autres. Mais la parole est au canon.

Puis vient le troisième acte du drame. Il y a un gouvernement impuissant ; la confédération n’est pas assez forte pour réunir en un faisceau le peuple des États-Unis. C’est alors que de nouveaux acteurs paraissent sur la scène. Ce sont des hommes arrivés pendant la révolution, qui n’ont pas connu la puissance anglaise, qui sont animés par un commun patriotisme, et qui veulent donner à leur pays, non pas la centralisation, mais l’unité. Ce sont des jeunes gens. C’est Hamilton qui a trente ans à peine, Madison qui a trente-six ans. Les gens qui ont fait la révolution ont tellement lutté contre la tyrannie, qu’ils en ont pris l’horreur du pouvoir, comme les hommes qui luttent contre la superstition finissent par avoir l’horreur de la religion. Capables de tout détruire, ils sont incapables de rien fonder. Il faut que des esprits plus modérés, des hommes qui n’ont pas eu à souffrir de la lutte avec l’Angleterre, des jeunes gens prennent à leur tour la direction des affaires. C’est Hamilton et Madison qui ont le plus contribué à la constitution. Je vous ai fait la biographie d’Hamilton, je vous parlerai aujourd’hui de Madison et d’un vieillard qui couronna sa vie en se faisant le champion de la constitution, c’est Franklin.

Madison était né en 1751 dans le comté d’Orange, en Virginie ; il appartenait à une de ces familles riches qui