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qui, dans toutes les querelles entre les pouvoirs locaux et le pouvoir central, a mis en avant la fatale idée de nullification, c’est-à-dire de séparation. Ministre sous Jefferson de 1801 à 1809, et son successeur comme président des États-Unis, de 1809 à 1817, Madison n’a été que le continuateur de son maître. Lui et Monroë ont été les interprètes de la politique de Jefferson ; on peut dire que Jefferson, ou pour mieux dire sa pensée, a régné vingt-cinq ans sur les États-Unis, et cette pensée a fait dévier la constitution.

En 1817, Madison se retira de la vie politique ; il mourut en 1835, chargé de gloire et de jours. C’était un honnête homme dont la vie a été très-utile à son pays ; mais selon moi la plus belle partie de cette vie, si longue et si bien remplie, a été la première. Sans être injuste pour les services de Madison et le mérite de sa présidence, on peut dire que ce qu’il a fait de plus grand, c’est ce qu’il a fait dans sa jeunesse, lorsqu’associé avec Hamilton il a été un des fondateurs de la liberté.

Dans la convention de Philadelphie il y avait à côté de Madison, et au-dessus de lui, un vieillard de quatre-vingt-deux ans, le Nestor de l’Amérique, Benjamin Franklin. En France, qui ne connaît cette figure pleine d’une malicieuse bonhomie ? Franklin était revenu de France en 1785. À Paris comme à Versailles, il avait su, sous les dehors d’un simple fermier de Pensylvanie, se faire adopter par tout ce qu’il y avait de beaux esprits. Le bon Franklin, qui ne portait pas de poudre, avec sa tête chauve et sa canne de pommier, était le diplomate