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ne soit pas la meilleure. Je sacrifie au bien public l’opinion que j’ai eue de ses défauts. Je n’en ai jamais murmuré un mot au dehors. C’est dans ces murs que sont nés mes doutes, c’est dans ces murs qu’ils doivent mourir.

« Si, en retournant auprès de ses mandataires, chacun de nous devait y apporter ses objections et essayer de leur gagner des partisans, nous empêcherions que la constitution ne fût généralement reçue, et nous perdrions tous les effets salutaires et les grands avantages que l’unanimité réelle ou apparente nous vaudra au dehors, aussi bien qu’à l’intérieur. La force et l’efficacité d’un gouvernement, pour procurer ou assurer le bonheur du peuple, dépend beaucoup de l’opinion générale qu’on se fait de la bonté de ce gouvernement, aussi bien que de la sagesse et de l’intégrité de ceux qui gouvernent.

« J’espère donc que dans notre propre intérêt, comme membres de la nation, et dans l’intérêt de la postérité, nous agirons cordialement et unanimement pour recommander cette constitution partout où s’étend notre influence, et que nous tournerons désormais nos pensées et nos efforts à rechercher les moyens que cette constitution soit bien administrée.

« En somme, je ne puis m’empêcher d’exprimer le vœu que, s’il est dans la Convention quelque membre qui ait des objections contre la constitution, cette personne veuille bien faire comme moi, et en cette occasion douter un peu de sa propre infaillibilité, et que pour manifester notre unanimité, elle veuille bien signer cet acte. »

La proposition de Franklin ne fut pas adoptée. Il y eut trois personnes : Randolph, Mason et Elbridge Gerry qui ne signèrent pas la constitution. Le premier par une difficulté de situation, car il soutint la constitution dans la convention de Virginie ; les deux autres par haine d’un gouvernement consolidé, nous dirions