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monarque qui voulait retenir le peuple en esclavage. On aurait pu croire qu’une constitution faite pour eux, par la Divinité même, aurait dû être universellement bien reçue.

Mais il y avait dans chacune des treize tribus quelques esprits mécontents et inquiets qui excitaient continuellement le peuple à rejeter le nouveau gouvernement, et cela par différents motifs.

Quelques-uns conservaient de l’affection pour l’Égypte, le pays de leur naissance, et chaque fois qu’ils sentaient quelques inconvénients, quelques difficultés, effet naturel et inévitable d’un changement de situation, ils réclamaient contre leurs chefs, comme étant les auteurs du mal, et ne voulaient pas seulement retourner en Égypte, mais lapider ceux qui les en avaient délivrés.

Ceux qui inclinaient vers l’idolâtrie n’étaient pas contents qu’on eût détruit leur Veau d’or. Beaucoup de chefs pensaient que la nouvelle constitution serait nuisible à leur intérêt particulier, et que les bonnes places seraient prises par la famille et les amis de Moïse et d’Aaron.

Joseph et le Talmud nous donnent certains détails qui ne sont pas dans l’Écriture, et nous disent que Corah, ambitieux de la prêtrise et blessé de la voir donner à Aaron, se plaignit que Moïse eût fait cette nomination sans le consentement du peuple ; et qu’il accusa Moïse d’avoir, par divers artifices, obtenu frauduleusement le gouvernement, privé le peuple de ses libertés, et conspiré avec Aaron pour perpétuer la tyrannie dans sa famille. Et ainsi, quoique le vrai motif de Coran fût de supplanter Aaron, il persuada au peuple qu’il ne voulait que le bien public.

Et alors le peuple, ému par ses insinuations, commença à crier, et on accusa Moïse d’ambition et de péculat. Il n’y avait pas de preuves de péculat, et cependant des faits, quand ils sont vrais, sont par leur nature susceptibles d’être prouvés. Mais ces accusations réussissent toujours auprès de la populace ; car il n’y a aucune accusation aussi aisément faite ou