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appeler le parti des États. Il avait compris une union de l’Amérique comme une confédération d’États souverains. Cette doctrine, il l’avait vivement défendue devant le congrès. Aussi s’était-il opposé à la réunion fédérale d’où devait sortir la constitution. Il lui semblait qu’on avait dans le congrès un pouvoir suffisant pour doter l’Amérique du gouvernement dont elle avait besoin. Mais, en 1786, éclata l’émeute du Massachusetts : il fut alors visible pour tous les esprits non prévenus, que, s’il n’y avait pas un pouvoir central pour relier et retenir ensemble toutes les colonies, l’Amérique se diviserait nécessairement, et qu’il n’y aurait ni sécurité, ni liberté. À la nouvelle des troubles du Massachusetts, Rufus King se rendit dans son pays. Il promit à l’assemblée de Boston le secours du congrès. Il lui semblait impossible que, s’il y avait l’ombre même d’un gouvernement en Amérique, ce gouvernement pût laisser une de ses provinces en proie à la sédition. De retour au congrès, Rufus King demanda l’exécution de la promesse qu’il avait faite ; il trouva partout une froideur singulière, une impuissance radicale. Parmi les hommes politiques, les uns doutaient de leur droit, les autres ne se souciaient pas d’agir. La vue de ces hésitations et de cette impuissance changea complètement les idées du jeune politique ; il comprit qu’il fallait de toute nécessité à l’Amérique un pouvoir en état de maintenir la paix, fût-ce par la force, et le même homme qui avait repoussé l’idée d’un gouvernement central en devint le plus zélé partisan. Ce fut l’idée qu’il défendit dans la Convention avec une énergie singulière. Il dé-