Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mississipi, si bien qu’une barque pourrait remonter le Mississipi et rejoindre le Saint-Laurent sans quitter les cours d’eau. Dans un tel pays il n’y a pas de division naturelle ; l’unité est dans les choses ; c’est ce que Wilson appelle un territoire monarchique. Quant au peuple, il était républicain par son origine, par sa religion, par son gouvernement, par ses mœurs. Le problème était donc celui que posait Wilson : unir la monarchie et la démocratie. Ce problème, l’antiquité n’en avait eu qu’une vague notion, les temps modernes ne l’avaient pas résolu.

L’antiquité a remarqué qu’il y avait trois formes de gouvernement : la monarchie, qui est forte, mais qui dégénère en tyrannie ; l’aristocratie, qui est forte aussi, mais qui écrase la majorité et ne pense qu’à elle ; enfin la démocratie, mobile comme le peuple, facile à entraîner, facile à séduire, tantôt endormie et servile, tantôt violente et tyrannique, toujours prête à écraser les minorités. Tous ces gouvernements puissants, mais sans contre-poids et sans responsabilité, c’est le despotisme par en haut ou par en bas. La justice n’est pas là. Aussi Tacite, après Aristote et Cicéron, remarque-t-il que le meilleur de tous les gouvernements serait celui qui réunirait ces trois formes ; mais l’antiquité a toujours déclaré que c’était là une chose impossible, un rêve trop beau pour être réalisé.

Les modernes, disait Wilson, ont fait un progrès sur l’antiquité, ils ont trouvé le système représentatif. Avec une représentation, l’aristocratie peut avoir sa place sans être tyrannique, la démocratie a la sienne sans