prenant où l’on va quand on prétend refaire le monde par la violence.
Toute réforme est une éducation. Voyez la plus grande réforme qui ait jamais été accomplie. Lorsque le Fils de Dieu est venu sur la terre, il a régénéré le monde, mais comment ? Est-ce par la terreur, est-ce par la force ? Non : c’est par la liberté. Il a remis à chacun le soin de sa conscience en lui disant : Fais ton salut.
C’est là l’éternel exemple que devraient se proposer tous les réformateurs. Si j’avais vécu au temps de Saint-Just, je lui aurais dit : « Vous êtes jeune, ardent, vous aimez votre pays ; parlez, écrivez, c’est votre droit ; mais imposer votre opinion par la violence, c’est de la tyrannie, c’est le crime même que vous condamnez chez les autres ! Régénérer les gens par la force et la menace, c’est du despotisme et de l’usurpation. »
Après les événements de thermidor, la France accablée, fatiguée, choisit pour lui faire une constitution des gens honnêtes et d’un courage éprouvé, Daunou, Boissy d’Anglas, noms restés chers au pays. La constitution de 1795 ou de l’an III est, de toutes celles que nous avons eues, la plus sage à tout prendre, celle où les pouvoirs sont le mieux agencés. Le malheur fut qu’on n’osa pas faire un pouvoir monarchique ; on confia le pouvoir exécutif à cinq personnes, et comme la Convention décida que ces cinq personnes seraient prises dans un certain parti, le résultat ne fut pas heureux et amena au Directoire un des hommes les plus corrompus du temps, Barras. Or les gens corrompus sont des gens qui font quelquefois fortune, mais il ne