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et on décida que la représentation serait proportionnelle à la population.

Cette question tranchée, il semblait que tout était terminé. Mais en Amérique se présentait une difficulté particulière. Comment compterait-on les esclaves ? En d’autres termes, l’esclave est-il une personne ou une chose ? Les gens du Nord, qui voulaient l’égalité, disaient aux hommes du Sud : nous prenons vos lois ; d’après vous, les esclaves sont des choses, vous les vendez, vous les léguez ; ils n’ont pas de personnalité, ils ont une femelle et des petits que vous vendez suivant votre bon plaisir ; pourquoi représenterait-on l’esclave plus que le bœuf, la chèvre et le mouton ? Il n’y a à cela aucune espèce de raison ; en outre, si l’on veut les représenter, on arrive à constituer une aristocratie. Si l’on prend le nombre de trois esclaves pour former l’unité électorale, il s’ensuivra que dix personnes du Sud, possédant chacune trente esclaves, auront autant de droits que cent personnes du Nord. Voilà quelle était l’objection des gens du Nord.

À cela les gens du Sud répondaient : oui, en ce qui regarde le maître, l’esclave est une chose ; mais non en ce qui regarde la loi. Il n’est permis à personne de tuer un esclave. Si un esclave vole ou tue, vous le punissez, non comme un bœuf, mais comme un homme. En face de la loi, c’est donc un homme. Il est vrai qu’il n’a pas de droits politiques, mais les femmes et les enfants n’en ont pas davantage. De même que, dans vos tables de population, vous comptez les femmes et les enfants, il faut compter les noirs. En d’autres termes, les gens du