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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/399

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cidé que le nombre des députés dans la Chambre des représentants serait proportionnel à la population, l’élection restant dans les limites de chaque État, et que le Sénat représentant l’indépendance fédérale, chaque État serait représenté au Sénat par deux sénateurs ; mais les amis de l’Unité, ou, comme on les appelait en Amérique, de la Consolidation, obtinrent, en ce point même, un avantage essentiel. On décida que les sénateurs voteraient, non comme délégués des États, mais comme individus ; autrement dit, que chacun des deux sénateurs aurait son vote propre ; que dans le Sénat, ce ne serait pas l’État de Rhode-Island ou celui du Delaware qui voterait, mais des sénateurs n’écoutant que leur conscience.

Cette question du Sénat était si grave, qu’un article qui concerne les réformes possibles de la constitution décide expressément qu’aucune réforme ne pourra être proposée par le congrès aux suffrages du peuple, si par cette réforme il s’agissait de priver les États de leur représentation égale dans le Sénat. Ainsi, c’est une réforme qu’on a mise en dehors de la constitution, et par laquelle les États se sont réservé leur existence individuelle.

Ce système, d’origine bizarre, a donné les meilleurs résultats. C’est qu’en transigeant et en se faisant des concessions mutuelles, on était arrivé à un principe qui est d’une incontestable vérité en politique, à un principe peu connu ou incompris en France, qui est celui-ci : la variété de la représentation est une garantie de la liberté, et donne au pays d’excellentes assemblées.