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dent du Sénat le vice-président des États-Unis. On lui a donné d’ailleurs des pouvoirs excellents pour un homme qui gouverne une assemblée. C’est lui qui décide toute question d’ordre avec une autorité presque souveraine[1]. Nous avons la manie de faire des règlements, grâce auxquels la première partie des séances se passe à se quereller. Il serait bon d’imiter les usages anglais et américains qui donnent au président un plus grand pouvoir, tout en réservant la suprématie de la chambre. Le speaker, le président, est une espèce de magistrat dont la parole est acceptée de tout le monde. On économise un temps considérable. Il est vrai qu’on perd l’occasion de parler inutilement, mais les Anglais y tiennent moins que nous.

Lorsque la fin de la session approche, le président du Sénat se retire, et on le remplace par un président temporaire, pro tempore, selon l’expression américaine. La raison en est singulière, et montre combien les Américains sont attachés à l’idée d’avoir un corps permanent : c’est que, dans l’intervalle des sessions, le président des États-Unis pourrait mourir. Or, le vice-président remplaçant le président, il pourrait arriver que le Sénat n’eût pas de président. Pour éviter cela, le Sénat prend cette précaution de mauvais augure pour le président.

En traitant du pouvoir exécutif, nous verrons quel est le contrôle du Sénat sur les membres du cabinet ; mais il y a un pouvoir qui appartient au Sénat en sa qualité de corps politique, et qu’il est bon d’examiner aujourd’hui. C’est la juridiction politique.

  1. Story, §§ 737, 738.