Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérêts de la commune, que ceux qui font partie de cette commune. De ces intérêts le règlement appartient à la corporation et non au gouvernement.

Avec notre façon de tout remettre entre les mains de l’État, nous arrivons à des résultats au moins singuliers. N’avons-nous pas vu dernièrement le Moniteur nous annoncer la formation d’un ministère auquel on a donné trois attributions fort dissemblables, et que je suis un peu humilié de voir associées — les théâtres — les haras — et l’Institut. Franchement, supposez qu’on supprime ce ministère, et demandez-vous ce qu’y perdront les intérêts généraux du pays ?

C’est notre manie de vouloir tout accaparer et tout faire. Le mérite de la constitution américaine, c’est d’avoir fait la part de chacun et d’avoir dit au gouvernement comme au congrès : non, vous n’êtes pas tout, vous n’êtes pas la nation, vous êtes une fonction de la nation. De même qu’il y a une fonction de justice, il y a une fonction d’administration, de législation. Vous êtes la législation, l’administration des intérêts généraux, vous n’êtes pas la nation.

Quand on a fait cette division, on a résolu du même coup le grand problème de la politique et pacifié les esprits. Car, qui d’entre nous peut disputer au gouvernement le droit de représenter la nation au dehors ou de maintenir la paix au dedans ? Qui peut vouloir empêcher le gouvernement d’avoir une armée suffisante pour défendre la France ? qui lui marchande l’administration suprême, la justice et l’armée ?

Ce qui est la cause perpétuelle des querelles et en