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La pensée des constituants était qu’en divisant ainsi l’élection on s’occuperait en chaque État de réunir des personnes de confiance, et de leur dire : « Élisez le citoyen le plus capable, et que cet homme nous gouverne. » C’est ainsi que furent nommés Washington et les premiers présidents ; mais on n’en est pas resté à cette confiance naïve[1]. Les progrès de la démocratie, progrès selon moi inévitables, ont conduit bientôt les citoyens à se dire : « Puisque ce sont ces électeurs qui vont nommer le président, il faut leur faire choisir l’homme qui nous convient. » Au-dessous de ces électeurs le pays a donc commencé à se remuer, et aujourd’hui, aussitôt qu’il s’agit de nommer un président, il y a partout des conventions libres qui s’assemblent. On se réunit d’États en États, on envoie partout des délégués à un point central. Ce sont toujours certains électeurs qui nomment le président, mais ils sont nommés à la charge de voter pour telle ou telle personne. Dans la pensée des constituants, il devait y avoir une délégation de confiance ; les électeurs devaient choisir en toute liberté. Aujourd’hui, au contraire, il y a un mandat impératif ; les électeurs ne sont plus chargés que de voter pour un candidat désigné. On peut même dire que le système actuel vaut moins qu’une élection directe, car, dans une élection directe, le peuple est consulté, on discute et on parle. Quand au contraire il n’y a pas d’élection directe, ce sont les partis qui font l’élection. On se réunit à vingt personnes ; on dé-

  1. Story, § 1463.