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bue au président une indemnité fixe et la jouissance de l’hôtel de la Présidence, la Maison-Blanche, à Washington. Le traitement a été fixé, en 1793, à 25 000 dollars, c’est-à-dire à 125 000 francs environ. C’était le chiffre des dépenses de Washington. Vous savez quel était le système de Washington : ne rien recevoir de son pays, mais ne pas lui faire de cadeau. Il croyait que c’était en quelque sorte faire l’aumône à son pays que d’occuper gratuitement une fonction publique.

Cette somme de 125 000 francs est restée le chiffre invariable du traitement du président. C’est un chiffre complètement insuffisant, et qui donne au président le droit de se ruiner. C’est une mauvaise chose. Il ne faut pas qu’un président puisse se trouver dans une position précaire au sortir du pouvoir. Ainsi Jefferson se ruina dans sa présidence ; il est vrai qu’il avait peu d’ordre, mais Monroe et d’autres s’y endettèrent également. Je trouve que les Anglais ont un système beaucoup plus juste. Ils disent : « Les négociants, les avocats, les médecins gagnent beaucoup d’argent ; si nous voulons qu’on nous serve bien, il ne faut pas prendre le rebut de la société, il faut payer largement ceux qui s’occupent des affaires du pays. » Je crois que ce système de payer largement les hommes qui s’occupent des affaires publiques est excellent, car avec le système contraire on arrive à ce résultat bizarre, de voir d’un côté l’homme d’État qui meurt de faim, et de l’autre côté l’homme d’argent qui vit grandement. Cela n’est pas moral ; il serait beaucoup plus moral d’assurer une situation honorable à celui qui se dévoue à son pays, cela donnerait peut-être