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c’est le Parlement qui l’interprète souverainement. Toutes les fois que le Parlement fait une loi, elle est, par cela même, constitutionnelle. Il n’y a pas d’autorité supérieure qui puisse dire aux Chambres : « En faisant telle loi, vous avez violé la constitution. » Cependant les juges anglais ont toujours défendu la suprématie de ce qu’ils appellent le common-law, ou la coutume, et cette coutume, ce sont les précédents judiciaires, que la conscience publique a adoptés. Tout cela fait un ensemble de maximes qui n’est pas très-bien défini, mais qui constitue cependant l’héritage du peuple anglais ; et si, par une supposition impossible, le Parlement voulait les contredire par une loi : si, par exemple, il établissait l’esclavage, la torture ou même la confiscation sans jugement, il n’est pas douteux que les juges anglais déclareraient cette loi contraire au common-law, et par conséquent inapplicable. Il y a quelques exemples de décisions semblables rendues par des juges anglais.

Ainsi, en Angleterre, toute loi est constitutionnelle, mais toute loi qui blesserait les principes de justice, d’humanité, qui existent dans tous les pays chrétiens, serait mise de côté sans que l’opinion publique criât à l’envahissement des juges.

Mais que peut-on faire dans un pays qui a une constitution écrite ? Là, les conditions sont différentes. On réunit solennellement une assemblée constituante, une convention, on charge cette assemblée de faire une charte qui sera la loi suprême du pays. Cette constitution, en Amérique, on la soumit à la sanction des treize États qui composaient la confédération. Le peuple fut