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« Que la constitution obtienne la pleine et entière approbation de chacun des États, c’est ce que, peut-être, il est difficile d’espérer. Mais chaque État considérera sans doute que si son intérêt seul eût été consulté, les conséquences en auraient pu être particulièrement désagréables et dommageables pour les autres.

« Que la constitution prête à aussi peu d’objections qu’on peut raisonnablement l’espérer, c’est notre espoir et notre croyance ; qu’elle puisse procurer un bien-être durable à notre chère patrie, qu’elle en assure la liberté et le bonheur, c’est notre plus ardent désir. »

Vous voyez quel noble langage on parlait au peuple américain.

Le congrès reçut cette lettre, et aussitôt il écrivit aux législatures de nommer des conventions afin d’examiner la constitution. Le pays était partagé, comme on le sera toujours, en face d’innovations aussi considérables. Tout ce qu’il y avait de négociants, d’industriels, d’armateurs et de propriétaires était désireux de voir finir une situation anormale. On était en pleine banqueroute. On n’avait plus que du papier-monnaie dont personne ne voulait. Le commerce était anéanti. On n’avait pu faire un traité avec l’Angleterre, d’où il résultait que l’Angleterre faisait tout le commerce par ses seuls navires, et que la navigation américaine était compromise. Ce parti, ami de la paix, désireux de l’ordre, de la sécurité, demandait l’adoption immédiate de la constitution ; mais on avait contre soi presque tous les hommes politiques, non les hommes supérieurs aux préjugés de leur pays, mais ceux qui font de la politique leur métier principal. La fondation d’un