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plus le drapeau, car les États-Unis avaient eu jusqu’en 1861 le bonheur de vivre en paix ; la guerre étrangère n’avait fait qu’y passer, la guerre civile y était inconnue. Il est évident qu’il en sera tout autrement à l’avenir ; le souvenir du terrible conflit qui a éclaté en 1861, et qui se continue aujourd’hui, fortifiera l’unité nationale, et rendra l’Américain plus fier de sa nationalité. Il faut cependant à un peuple un symbole national, un drapeau. Et quand vous cherchez en Amérique ce qui représente le drapeau, vous trouvez trois choses : la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776, la constitution, et la grande figure de Washington. Voilà où l’Américain se reconnaît. — Il n’y a plus maintenant personne qui ait signé la déclaration d’indépendance, ou qui ait servi sous Washington ; c’est la constitution qui représente le drapeau et qui est le symbole de la patrie.

Ceci est vrai pour le Nord, et n’est pas moins vrai pour le Sud. On s’y rappelle que c’est un Virginien, Jefferson, qui a rédigé la déclaration d’indépendance, que ce sont des Virginiens, Washington et Madison, qui ont fait la constitution. Les hommes du Sud se plaignent que l’on ait violé la constitution à leur égard, mais ils lui sont restés fidèles ; et si fidèles qu’à la fin de la guerre, si la fédération américaine est détruite, si l’Amérique est partagée, on y verra deux constitutions parallèles, ou, pour mieux dire, la constitution fédérale sera dédoublée. Qu’il en doive être ainsi, un fait le démontre. C’est le 20 décembre 1860 que la Caroline du Sud s’est séparée de l’Union. Le 4 février 1861, le con-