Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/530

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offert l’amnistie, elle n’avait excepté que ces deux noms.

Samuel Adams était un puritain austère, un de ces hommes qui sont admirables pour commencer les révolutions, parce qu’ils jouent leur vie avec un dévouement héroïque ; mais ces hommes-là, si puissants pour détruire, sont souvent incapables de rien fonder. Une fois qu’on est lancé dans la voie révolutionnaire et qu’on veut abattre tous les abus, on en voit toujours, et on se plaint de l’ingratitude populaire quand la nation refuse de vous suivre dans cette course excessive. On ne pouvait donc faire grand fond sur Adams.

Hancock n’était pas un stoïcien comme Adams. C’était aussi un patriote. Il avait eu de bonne heure une grande fortune, et en avait usé libéralement. Il aimait la popularité, non qu’il désirât l’obtenir par de mauvais moyens ; mais c’était un de ces hommes qui se laissent bercer par la voix de la foule, qui jettent volontiers la plume au vent pour voir de quel côté va l’opinion, et qui croient d’autant plus la guider qu’ils se laissent davantage emporter par elle. Pour conquérir Hancock au parti de la constitution, il fallait trouver un moyen de ménager sa popularité. Ce moyen, on le trouva. La constitution avait des défauts, elle ne satisfaisait personne ; mais précisément parce qu’elle avait des défauts, on pouvait y présenter des amendements. La constitution elle-même prévoyait qu’elle pouvait être amendée, et disait de quelle façon elle pouvait l’être : on pouvait donc se dire qu’en acceptant la constitution, on faisait acte de dévouement sans