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grès serait réservé aux États ; c’est le peuple qui entendait que le Congrès n’aurait de pouvoirs que ceux que lui conférait la constitution.

En Amérique, on n’a jamais eu de goût pour l’abdication populaire ; on n’a jamais compris que des députés pussent déclarer que leur volonté est la volonté du peuple. On n’entend donner aux délégués de la nation que des pouvoirs limités ; la constitution est leur loi, ils n’en peuvent sortir. C’était ainsi que l’avaient compris les auteurs de la constitution, mais les Américains tenaient à ce que cela fût exprimé catégoriquement. Un bill des droits donnant des garanties aux libertés individuelles et sociales, une déclaration portant que le pouvoir des États serait respecté, et enfin la souveraineté populaire garantie par la déclaration que tout ce qui n’était pas délégué au Congrès resterait aux États et au peuple, voilà ce que l’on voulait faire insérer dans la constitution. Le Congrès s’y prêta dès le premier jour, il avait une grande raison pour s’y prêter ; il était composé de la plupart des hommes qui avaient figuré dans la Convention générale ou dans les conventions d’État ; on était engagé, on connaissait le vœu du pays et les défauts de la constitution.

Aussi le Congrès, qui s’était réuni au mois de septembre 1789, soumit-il aux États, dès le 4 mars suivant, douze amendements ; il y joignit une courte circulaire dans laquelle il disait que ces amendements avaient été universellement demandés, que le devoir du Congrès était d’accroître la confiance populaire, la confiance du pays faisant la force du gouvernement ;