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en Amérique qu’un président ne doit jamais rester plus de huit ans en fonctions. Tout ce qu’a fait Washington est entouré d’une vénération profonde, chacune de ses actions est devenue une loi pour le pays. Jefferson, Madison, Monroë restèrent chacun huit ans au pouvoir sans que le pays en souffrît. Mais, avec le général Jackson, les choses changèrent de face. Jackson était un démocrate, un homme de beaucoup d’intelligence, mais c’était un soldat qui portait dans la politique toutes les passions d’un chef d’armée ; il partageait les citoyens en deux camps : ceux qui le soutenaient formaient le bon parti, ceux qui le combattaient étaient le mauvais parti. Tout pour ses amis, c’était sa devise. Une fois au pouvoir, il distribua avec la plus grande libéralité les places à ceux qui l’avaient soutenu ; les brevets de maîtres de poste, qui aux États-Unis ont une assez grande importance, devinrent sa monnaie électorale. Jackson établit ainsi un précédent funeste ; depuis lors il s’est formé en Amérique une classe de gens qui ne voient dans une élection qu’un certain nombre de places à emporter ; c’est ce qu’on nomme les politicians. Pour eux la chose importante dans la nomination d’un président, c’est que celui-là triomphe dont ils attendent des places et la fortune.

Pour corriger ce vice, dont on avait souffert depuis trente ans, on a stipulé, dans la constitution des États confédérés, que le président serait nommé pour six ans et ne pourrait être réélu.

Une autre mesure, assez curieuse comme mouvement d’idées constitutionnelles, est celle-ci. Dans la consti-