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essayé de présenter sous un jour fort beau de très-vilaines choses. Je ne dirai pas qu’on a menti, il faut être poli avec tout le monde, mais enfin on n’a pas dit la vérité.

On a mis en avant la question des tarifs. Certainement les tarifs ont joué un rôle dans la séparation, et il y a déjà plus de quinze ans qu’un homme d’un coup d’œil très-sûr, Bastiat, dans un livre dont je ne saurais trop vous recommander la lecture, disait : « L’Amérique est un beau pays, mais j’y aperçois deux points noirs, l’esclavage et les tarifs. » Mais s’il n’y avait eu que les tarifs, la guerre ne serait certainement pas sortie de là. D’ailleurs ces tarifs profitaient en beaucoup de cas au Sud tout aussi bien qu’au Nord. Les fabricants de sucre de la Louisiane n’y étaient pas moins intéressés que les filateurs du Nord.

On a cherché une autre explication. On explique tout aujourd’hui par la race. Si le Sud se sépare aujourd’hui, c’est que son peuple est étranger au peuple du Nord. Il y a à cela une petite objection, c’est que c’est la même race qui a colonisé toute l’Amérique. On dit que ce sont les cavaliers qui ont peuplé la Virginie, il y aurait plus d’une réserve à faire sur ce point, mais le Mississipi, l’Alabama, la Louisiane ont été plantés en grande partie par des Yankees qui y sont venus chercher fortune ; c’est partout le même peuple, la même langue, les mêmes lois, la même religion. Il faut donc écarter la question de race.

On dit encore : d’un côté, c’est une démocratie, de l’autre c’est une aristocratie. On s’est servi de ces grands