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On ne veut parler, dira-t-on, que des traditions politiques. Mais la révolution américaine ne s’est faite que parce que l’Amérique était imbue de l’esprit anglais. C’est pour une question de droit qu’elle s’est faite, et cette question, il faut presque être Anglais pour en sentir la portée.

Quelle était la situation de l’Amérique à la veille de 1776 ? Était-elle mauvaise au point de vue matériel ? Pas le moins du monde. L’Amérique, il est vrai, était gênée dans son commerce et son industrie par les lois de la métropole, mais cette législation coloniale, c’était le droit des gens ; le droit des gens voulait que toutes les industries appartinssent à la mère patrie. On empêchait les Américains de faire des chapeaux avec la peau des castors qu’ils avaient tués, ils envoyaient ces peaux en Angleterre, et l’Angleterre leur renvoyait des chapeaux ; il était permis aux Américains de tondre leurs brebis, mais seulement pour les rafraîchir, car il fallait que les draps vinssent d’Angleterre ; les balais de bouleau même devaient venir de la métropole. Mais tout cela était accepté ; tout cela semblait naturel. Du reste, les colonies se gouvernaient elles-mêmes, et elles jouissaient d’une très-grande liberté intérieure. La distance était énorme, la traversée était alors de deux à trois mois entre elles et l’Angleterre ; on ne s’occupait guère des colonies. Leur isolement et leur abandon faisait leur prospérité.

Mais un jour vint où, par une maladresse qui aujourd’hui ne fait doute pour personne, un ministre anglais dit aux colons qui se gouvernaient et se taxaient