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rence étrangère. L’indépendance nationale, voilà le premier bien que l’unité doit procurer. Or, quelles sont les conditions de l’indépendance nationale, ou, pour préciser la question, quelles sont les ressources qu’un gouvernement, garant de l’indépendance nationale, doit avoir à sa disposition ?

Il est évident d’abord qu’il faut qu’il ait la puissance diplomatique. À lui d’envoyer des ministres auprès des autres gouvernements, de faire des traités de commerce, de négocier des alliances, en un mot, de représenter la nation en face de l’étranger. Puis, pour qu’il puisse traiter au dehors, il faut nécessairement qu’il ait une certaine autorité à l’intérieur ; car, pour que je négocie avec l’étranger, il faut que je sois en possession d’une certaine part de la puissance législative. Je ne puis pas faire un traité de commerce s’il y a cinquante villes dans mon pays qui ont le droit de régler comme elles l’entendent les entrées et les sorties des marchandises. Je ne puis pas davantage signer un traité par lequel, en vertu du droit des gens, je m’engage à ne pas souffrir de parti qui conspire contre un pays voisin, si je n’ai pas le moyen de faire la police chez moi. Il y a différentes manières d’organiser cette police. On peut charger, par exemple, un tribunal fédéral de l’exercer, mais enfin il faut toujours un certain pouvoir intérieur qui me fournisse les moyens de donner satisfaction aux gouvernements amis, et de tenir mes engagements.

Il faut, de plus, que le pouvoir central ait le droit d’avoir des troupes sous ses ordres ; car, à moins de supposer que ce pouvoir s’exerce dans une île, au bout du