Aller au contenu

Page:Laboulaye - Locke, législateur de la Caroline.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tantes fut celle du vaste territoire qui s’étend de la Virginie aux Florides. En l’année 1663, cette grande possession fut érigée en province, sous le nom de Caroline, et accordée à perpétuité et en toute propriété à huit personnes des plus puissantes dans le royaume et des plus influentes à la cour.

C’était Clarendon, l’historien de la Révolution, ministre habile malgré sa cupidité, détesté du peuple, mais toujours fidèle au roi ; Monk, le général du Parlement, qui avait joué un si grand rôle dans l’affaire de la Restauration, et qu’on venait de créer duc d’Albemarle ; lord Ashley Cooper, si célèbre, dans l’histoire sous le nom de lord Shaftesbury ; lord Craven, sir John Colleton, sir George Carteret et lord John Berkeley, ces deux derniers, propriétaires en même temps de la Nouvelle-Jersey ; c’était enfin sir William Berkeley, qui pendant près de quarante années gouverna la Virginie.

La charte de concession était imitée de celle du Maryland. Les concessionnaires étaient créés lords propriétaires ; en d’autres termes, souverains, sauf l’allégeance due à la couronne. Toutefois, on appelait les colons au partage de la puissance législative ; les lois devaient être faites de concert avec les planteurs (freemen) ou leurs délégués. Pour tout le reste, le pouvoir suprême était entre les mains des propriétaires ; c’est à eux qu’il appartenait de nommer les officiers publics, d’instituer les tribunaux, de faire la guerre, de proclamer la loi martiale, d’ouvrir des ports, d’ériger des manoirs, avec titres de noblesse ; c’étaient eux qui profitaient des impôts établis du consentement des colons, sans préjudice des redevances dont ils frappaient les concessions, et qu’ils touchaient par droit de domaine plus que par droit de seigneurie.

Enfin, une clause spéciale, empruntée de la Charte libérale