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par le travail qu’elle demande à la masse des étudiants. Il y a plus d’une instruction à tirer de la comparaison de ce riche programme de l’enseignement libre avec le maigre programme de notre enseignement officiel.


PLAN D’ÉTUDES DE LA FACULTÉ DE BONN[1].


Voici le plan d’études qui nous semble convenir à la majorité des élèves en droit ; mais nous n’entendons nullement blâmer les modifications importantes que chacun peut y faire par suite de son degré d’instruction, de ses dispositions naturelles, de son talent, de la carrière à laquelle il se destine, et même enfin par suite de considérations tout extérieures, par exemple, cause de la collision de différents cours, de la préférence pour un certain professeur, de la faiblesse de santé, etc. Dans ce plan, divisé en six semestres[2], nous n’avons compris que les cours purement juridiques, qui sont l’objet habituel des leçons de la Faculté. Mais nous supposons qu’on répartira dans chacun de ces semestres quelque enseignement philosophique, philologique, historique, politique ou scientifique[3]. Nous indiquons parmi ces différents enseignements les cours suivants, comme étant le complément des études juridiques : dans la théologie, l’Histoire de l’Église et les Antiquités ecclésiastiques ; dans la médecine, la Physiologie et la Médecine légale, en y comprenant la Législation Médicale ; dans la philosophie, la Logique, la Métaphysique, l’Anthropologie, la Psychologie, et l’Histoire de la philosophie. Parmi les études philologiques nous recommandons les Antiquités grecques et romaines, l’Histoire littéraire, l’explication de certains classiques, tels que les discours de Cicéron, l’histoire de Tite-Live, la Germanie de Tacite ou le Dialogue des orateurs, les lettres de Pline, surtout le dixième livre, Aulu-Gelle, etc. Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’étude de la langue et de la littérature nationales. Dans les études historique, nous recommandons l’histoire romaine, l’histoire du moyen âge. l’histoire moderne, l’histoire nationale, ainsi que la géographie et la statistique ; et même la diplomatique et la science héraldique ; enfin, parmi les études administratives, nous recommandons la politique, le droit administratif et la législation financière

Enfin, nous insistons sur l’enseignement religieux (christliche Religions lehre) qui se donne publiquement par des professeurs des deux communions, pour que personne ne néglige cette étude essentielle.

  1. Koch, Die Preussischen Universitaten (Recueil de documents officiels), t. II, p. 243.
  2. En Allemagne, on compte par semestre, et non par année d’études.
  3. Il ne faut pas croire que ces conseils ne soient pas suivis. Grâce à la réunion des Facultés en Universités, l’étudiant a tous les cours à sa disposition sans sortir de l’enceinte universitaire, et suit presque toujours des leçons dans d’autres Facultés que celle où il est inscrit.