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fin des étude, pendant trois années l’élève ne fera rien ; l’État doit empêcher ce résultat désastreux, il doit en outre garantir au père de famille que son fils ne perd pas son temps dans les écoles, et le surveiller autant que faire se peut. Or, cette surveillance, le seul moyen de l’exercer, c’est l’examen.

Ce raisonnement est plus spécieux que solide. En premier lieu, il est difficile d’admettre que l’État soit nécessairement substitué au père de famille dans la surveillance individuelle des étudiants ; le devoir de l’État, c’est d’organiser l’enseignement de la façon la plus utile, et la plus attrayante pour tout homme de bonne volonté mais il ne doit rien aux paresseux, aux débauchés, aux incapables. Aller plus loin, c’est transformer le gouvernement en maître d’école, et la Faculté en pensionnat. Ainsi, en dernière analyse, la question du devoir de l’État n’est autre chose que la question du meilleur enseignement.

L’étudiant, dites-vous, ne travaille qu’en vue de l’examen d’accord avec vous sur ce fait, j’en tire des conséquences différentes des vôtres, et je dis que c’est précisément l’examen qui est la cause du marasme de vos Facultés. C’est le système de contrainte qui ôte l’étudiant le goût du travail et l’amour de la science. C’est ce que prouve l’exemple de l’Allemagne, où le pays à examens ; l’Autriche, est précisément celui dans lequel on ne travaille pas. C’est ce que démontre le plus simple raisonnement ; et enfet, dans un système de liberté, on conçoit qu’un jeune homme bien né, laborieux (et c’est pour ceux-la qu’est fait l’enseignement, et non pour faire travailler à coups d’examen l’homme qui ne veut rien faire, et qui, mauvais étudiant, sera plus tard un mauvais serviteur de l’Etat), on conçoit, dis-je, qu’un jeune homme qui a choisi ses maîtres, ses leçons, ses méthodes, se passionne pour des études de son goût. C’est le premier usage de la liberté, et ce premier usage peut répandre un certain charme sur des doctrines plus arides que celles de la jurisprudence.

Mais l’homme de vingt ans, que vous traitez comme un enfant, et auquel vous imposez des leçons, des maîtres, des méthodes