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« une évolution nécessaire, mais une direction intelligible et un sens idéal ». Admettre ces prémisses, c’est expliquer l’histoire par l’idéalisme et uniquement par l’idéalisme ; — c’est rejeter tout, absolument tout, de la doctrine de Marx. Mais, alors, en quoi consiste cette conciliation ? Rien de plus simple : si l’on condamne toutes les idées de Marx, on proclame l’auteur un grand homme, aussi grand homme que peuvent désirer ses élèves[1].

Quand on aura accordé tout ce que demande le célèbre orateur, on sera convaincu que « le mot de justice a un sens même dans la conception matérialiste de l’histoire ! » Cette conclusion est vraie ; mais ce sens n’est pas celui que découvre M. Jaurès. « L’humanité se cherche, dit-il, et s’affirme elle-même, quelle que soit la diversité des milieux… C’est un même souffle de plainte et d’espérance qui sort de la bouche de l’esclave, du serf ou du prolétaire : c’est le souffle immortel d’humanité qui est l’âme de ce qu’on appelle le droit. »

  1. Ce paradoxe a été publié dans la Jeunesse socialiste de janvier 1895 sous le titre : « Idéalisme de l’histoire ». Lire, dans le numéro de février, la vive réplique de M. Lafargue.