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commerciales qui en résultent, rendent les salaires de plus en plus incertains ; le constant perfectionnement de la machine rend la position de l’ouvrier de plus en plus précaire ; les collisions individuelles entre l’ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions entre deux classes. Les ouvriers commencent par se coaliser contre les bourgeois pour le maintien de leurs salaires. Ils vont jusqu’à former des associations permanentes en prévision de ces luttes occasionnelles. Çà et là la résistance éclate en émeute.

Parfois les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le véritable résultat de leurs luttes est moins le succès immédiat que la solidarité croissante des travailleurs. Cette solidarisation est facilitée par l’accroissement des moyens de communication qui permettent aux ouvriers de localités différentes d’entrer en relation. Or, il suffit de cette mise en contact pour transformer les nombreuses luttes locales qui partout revêtent le même caractère en une lutte nationale, en une lutte de classe. Mais toute lutte de classe est une lutte politique. Et l’union que les bourgeois du moyen âge mettaient des siècles à établir par leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes l’établissent en quelques années par les chemins de fer.

L’organisation du Prolétariat en classe, et par suite en parti politique, est sans cesse détruite