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vraie base sociale de l’état de choses existant.

La maintenir c’est maintenir les conditions allemandes actuelles. La suprématie industrielle et politique de la bourgeoisie menace cette classe de destruction certaine, d’une part par la concentration des capitaux, d’autre part par le développement d’un prolétariat révolutionnaire. Le vrai socialisme devait tuer d’une pierre ces deux oiseaux. Il se propagea comme une épidémie.

Le vêtement tissé avec les fils immatériels de la spéculation, brodé de fleurs de rhétorique et tout saturé d’une rosée sentimentale, ce vêtement transcendant, dans lequel les socialistes allemands enveloppèrent leurs quelques maigres « vérités éternelles », ne fit qu’activer la vente de leur marchandise auprès d’un pareil public.

De son côté le socialisme allemand comprit de mieux en mieux que c’était sa vocation d’être le représentant pompeux de cette petite bourgeoisie.

Il proclama la nation allemande la nation normale et le philistin allemand l’homme normal. À toutes les infamies de cet homme normal il donna un sens occulte, un sens supérieur et socialiste qui les faisait tout le contraire de ce qu’elles étaient. Il alla jusqu’au bout, en s’élevant contre la tendance « brutalement destructive » du communisme et en déclarant que, impartial, il planait au-dessus de toutes les luttes de classes.