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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/118

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de Dionysos, glacent d’effroi les néophytes par des spectres frauduleux et de chimériques fantômes[1].

Les chrétiens affectent de se séparer des autres hommes, de mépriser les lois, les mœurs, la culture de la société où ils vivent et la science même[2]. Mais que serait leur croyance, réduite à elle-même et dépouillée des larcins dont ils l’ont étoffée ? Quand on en analyse les concepts fondamentaux, on s’aperçoit qu’ils ont été empruntés pour la plupart à la philosophie grecque, surtout à celle de Platon, avec des déformations et des contresens où se trahit l’insuffisance intellectuelle des maladroits plagiaires.

Par exemple, la « foi » sans réserve que les chrétiens imposent aux leurs ; l’idée que la sagesse des hommes est « folie » devant Dieu ; leur goût d’humilité, de pénitence, leur conception d’un Dieu supra-céleste, d’un royaume de Dieu, d’un monde meilleur réservé à des âmes privilégiées ; l’affirmation qu’il faut supporter avec patience l’injustice, tout cela, c’est du Platon gauchement interprété. La doctrine de la résurrection procède de la vieille théorie — mal comprise — de la migration des âmes. D’autres articles de leur Credo viennent d’Héraclite, des Stoïciens, des Juifs, des mystères de Mithra, des mythes égyptiens de Typhon, d’Horus et d’Osiris. Les Perses et les Cabires leur ont fourni certains éléments, comme leur rêve de sept cieux superposés[3]. Des vestiges de légendes païennes restent discernables au fond de plusieurs de leurs croyances : l’affirmation que le Christ serait né d’une vierge visitée par l’Esprit saint rappelle les fables de Danaé, de Mélanippe, d’Augé et

  1. IV, 10 ; cf. III, 16.
  2. VIII, 2 ; cf. III, 55, 75, 78 ; VI, 14.
  3. Pour tous ces « rapprochements », voir Contra Celsum, VI, 1, à VII, 58.