Ailleurs, il ironise sur la prétention judéo-chrétienne à bénéficier d’une exclusive révélation :
Juifs et chrétiens ressemblent à une troupe de chauves-souris, à des fourmis qui sortent de leurs trous, à des grenouilles qui tiennent séance autour d’un marais, à des vers formant assemblée dans un coin de bourbier, qui disputeraient ensemble qui d’entre eux sont les plus grands pécheurs et se diraient les uns aux autres : « Nous sommes ceux à qui Dieu révèle d’avance et prédit tout ; négligeant l’univers et le cours des astres, sans souci de cette vaste terre, c’est pour nous seuls qu’il gouverne, avec nous seuls qu’il communique par ses envoyés ; il ne cesse de nous en expédier et de chercher par quel moyen nous pourrons lui être unis éternellement… Il y a un Dieu, déclarent les vers de terre, mais nous venons immédiatement après lui ; nous avons été créés par Dieu entièrement semblables à lui ; toutes choses nous sont subordonnées : la terre et l’eau, l’air et les étoiles ; c’est pour nous que tout a été fait, et tout est organisé pour nous servir… Puisqu’il y en a parmi nous qui pèchent, Dieu viendra lui-même, ou il enverra son Fils afin de livrer aux flammes les impies, et que nous autres nous jouissions avec lui de la vie éternelle. » Plus supportables seraient ces sottises de la part des vers et des grenouilles que de la part des Juifs et des chrétiens, dans leurs discussions[2] !
V
Au surplus, Celse ne s’était pas contenté d’observer du dehors les méthodes et la tactique du prosélytisme chrétien. Il avait pris contact avec la doctrine elle-même, il prétendait