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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/177

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sophes (par exemple Euphratès d’Alexandrie, le stoïcien, maître de Pline le Jeune et d’Épictète), qui étaient venus le voir, sans être aucunement prévenus en sa faveur[1].

C’est donc avec les traits d’un goète fort habile, initié à toutes les incantations mystérieuses, capable aussi de s’élever à des conceptions philosophiques ou théologiques d’une certaine ampleur, que l’image d’Apollonius était demeurée vivante dans quelques parties de l’Orient, jusqu’au jour où un habile sophiste sut la faire rayonner d’un prestige presque divin, et transformer le « sorcier » en un héros de légende[2].

V

C’est à la prière de Julia Domna, seconde femme de l’empereur Septime-Sévère, que le rhéteur Philostrate entreprit de raconter à son tour la vie d’Apollonius.

Fille d’un prêtre du Soleil, Bassianus, Julia Domna était née à Émèse, en Syrie, et elle se rattachait probablement à la dynastie qui avait régné sur cette ville jusqu’à l’époque de Domitien. Septime-Sévère l’avait épousée en 185, alors qu’il était légat de la Provincia Lugdunensis, parce qu’il avait su que l’horoscope de Julia la destinait à un roi. Ils eurent deux fils, Caracalla en 186, Geta en 189. Julia exerça une forte influence sur l’esprit de son mari, lequel eut, semble-t-il, pas mal de choses à lui pardonner.

Après la mort de Septime-Sévère, Julia dut supporter

  1. Origène, Contra Celsum, VI, 41 (Koetschau, II, 109 ; Patrol. gr., 11, 1357).
  2. C’est encore parmi les magiciens et les sorciers qu’au début du iiie siècle le plaçait Dion Cassius, lxxvii, 18 (éd. Boissevain, t. III, p. 397) — à moins que son abréviateur, Xiphilin, n’ait retouché le passage.