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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/181

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tion, et qui mérite de fixer un instant la nôtre : c’est l’analogie de certains épisodes avec les traits de l’histoire évangélique.

Philostrate ne présente pas Apollonius comme un dieu à proprement parler, encore que certains passages puissent paraître un peu équivoques[1]. Apollonius lui-même proteste contre cette idée[2]. Il ne lui suppose, en somme, qu’une nature « supérieure et presque divine[3] » ; mais les actes et les paroles qu’il lui prête évoquent en plus d’un cas le souvenir des paroles et des actes du Christ, ou de l’apôtre Paul.

De ces analogies, gardons-nous d’exagérer le nombre et la portée. Elles paraissent significatives, quand, les ayant recueillies une à une, on en forme un faisceau. Elles font moins d’impression quand on lit de suite la Vie d’Apollonius et qu’on s’aperçoit de la place restreinte qu’elles y tiennent.

B. Aubé force la note, quand il écrit : « L’idée chrétienne et les récits sur le fondateur de la doctrine et ses premiers disciples, sur leurs enseignements extérieurs et leurs actes sont présents pour ainsi dire à chaque page. » La vérité, c’est qu’il faut une certaine attention pour les repérer, tant le livre de Philostrate ressemble peu aux livres chrétiens. Plus de brèves sentences, plus de sobres récits, plus de

  1. Par ex. I, 4 où un songe le montre à sa mère comme un nouveau Protée (le dieu égyptien) encore plus expert dans la science de l’avenir ; VII, 61 où il annonce à ses amis sa prochaine épiphanie (ἐπιφανέντα γάρ με ἐκεῖ ὄψει). Il est traité (VIII, 7) de θεῷ εἰκασμένος (semblable à un dieu).
  2. VIII, 7 et IV, 31 : P. Allard s’est donc trompé sur ce point (Perséc. de Dioclétien, I, 220).
  3. I, 5.