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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/227

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personne n’a encore essayé ni de cataloguer et de décrire chacun de ces éléments disparates, ni de dire comment ils ont pu se rencontrer.

Ce qui est sûr, c’est que quiconque s’y essaiera devra employer, non pas la méthode trop synthétique et trop systématique de Zeller dans sa Philosophie der Griechen, mais bien plutôt celle que M. Bidez lui-même a observée aussi fidèlement que l’insuffisance des sources le lui a permis : je veux dire une méthode nettement historique.

À ce prix seulement on pourra suivre les méandres d’une pensée souvent déconcertante, trop assujettie aux milieux qu’elle traversa, et où s’associèrent bizarrement les plus perçantes qualités critiques et — disait E. Renan[1] — « des choses si absurdes que les tables tournantes et les esprits frappeurs ne le sont qu’un peu plus ».

III

Un des traits les plus curieux de l’histoire du néo-platonisme, c’est la longue sympathie qu’il a éveillée dans les intelligences chrétiennes, alors qu’en son fond et par l’essentiel de ses vues, il offrait de quoi justifier de leur part bien des défiances.

D’une doctrine à l’autre, il y eut assez longtemps des contacts, des relations, j’allais dire des coquetteries. Néoplatonisme et christianisme purent quelquefois paraître, non pas des rivaux, mais des émules en spiritualisme, et presque des alliés. Origène avait été l’auditeur d’Ammonius Sakkas qui passait pour le fondateur de l’école néo-

  1. Nouvelles Études d’histoire religieuse, 1884, p. 29.