Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/23

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disent de croire qu’elle soit historiquement fondée. Les voici, avec les mises au point indispensables.

1o Le rescrit impérial ne fait aucune allusion à des conflits religieux qui mettraient aux prises divers éléments des communautés juives d’Alexandrie ou de Syrie. Il ne vise que les luttes entre Juifs et Grecs. Si de tels conflits avaient soulevé les uns contre les autres, vers 40, les Juifs d’Alexandrie, il serait surprenant qu’il n’y ait eu d’abord, à Antioche même, aucune sédition de ce genre. Or Malalas-23, l’historien byzantin, qui a utilisé une chronique de la ville d’Antioche, signale bien dans les dernières années de Caligula de sanglants combats entre les païens et les Juifs, mais il ne note pas de troubles dans les groupements juifs proprement dits.

2o Claude-parle d’une sorte de maladie contagieuse qui menace l’oikouménè, c’est-à-dire tout l’univers habité. S. Reinach entend par là « l’énorme agitation née en Palestine », qui serait apparue sporadiquement un peu partout. Mais le moyen de croire qu’en 41 tout l’univers romain ait déjà été ébranlé, ou parût susceptible de l’être, par l’action conquérante du christianisme ? Supposons au contraire que Claude ne redoute autre chose qu’une fermentation d’antisémitisme-23, au cas où les éléments juifs d’Alexandrie se grossiraient d’apports étrangers. Alors son état d’esprit s’explique. « Il sait très bien que les Juifs étant fort remuants, et dispersés dans le monde entier, tout ce qui les touche peut causer un ébranlement général[1]. »

    41 n. Chr. und das Urchristentum, Rottenburg a. N., 1930. Une broch. in-8o de 48 p.

  1. Lagrange, dans Revue Biblique, 1925, p. 623.