Porphyre est aussi le premier polémiste (à notre connaissance) qui ait tiré parti des dissentiments entre Pierre et Paul, tels que Paul les raconte au deuxième chapitre de son Épître aux Galates, à propos de l’attitude inconséquente de Pierre à l’égard des Gentils et des Judéo-chrétiens. Il s’était emparé du passage : « Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face parce qu’il était répréhensible, etc. » Cent vingt-cinq ans plus tard, l’interprétation de cet incident devait mettre aux prises saint Jérôme et saint Augustin, le premier admettant que cette dispute apparente n’était qu’une feinte, qu’une supercherie dont Pierre et Paul étaient préalablement tombés d’accord, le second se refusant à penser qu’un mensonge, même « officieux », ait jamais pu être utilisé par les apôtres, fût-ce pour le bien de l’Église. Le problème paraissait si épineux que certains catholiques prétendaient que Céphas était un autre personnage que Pierre lui-même : hypothèse que Jérôme repousse avec dédain, et qui lui paraît trahir un état d’esprit fort dangereux[2]. On sait quelle orchestration l’École moderne
- ↑ Je me demande si l’historien ecclésiastique Eusèbe de Césarée, qui avait lu de ses yeux le Κατὰ χριστιανῶν, n’y a pas pris le développement parallèle qu’il a inséré dans son traité Contre Hiéroclès, § 5 et 6, en l’utilisant d’une façon fort peu adroite contre Apollonius de Tyane.
- ↑ Comm. in Ep. ad Gal. I, ii (Patrol. lat., 35, 341) : Ad extremum si, propter Porphyrii blasphemiam, alius nobis fingendus est Cephas, ne Petrus putetur errasse, infinita de Scripturis erunt radenda divinis quae ille — quia non intellegit — criminatur.