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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/309

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c’est pour mieux faire éclater notre supériorité de sagesse sur vous. Nous ne nous sommes pas empressés de le croire dieu, malgré les miracles qu’il a accomplis ; vous autres, pour quelques menus prodiges, vous avez cru tel votre Jésus. »

Il n’est pas surprenant qu’éloigné comme tu es de la sagesse divine, tu n’aies rien compris à ce que tu as lu, puisque les Juifs qui, dès l’origine, lisaient les prophètes et à qui Dieu avait accordé sa mystérieuse alliance, n’ont rien compris à ce qu’ils lisaient. Apprends donc, si tu as une lueur d’intelligence, que si nous croyons Jésus, Dieu, ce n’est pas parce qu’il a fait des miracles, mais parce que nous avons vu se réaliser en lui ce que nous annonçaient les vaticinations des prophètes…

Cet homme voulut sans doute faire comme le loup qui se cache sous une peau de brebis : il osa intituler son livre abominable, où respire la haine de Dieu, Φιλαληθεῖς[1]. C’était une façon de faire choir le lecteur dans ses filets. Inconscience plutôt que méchanceté ? Soit ! Mais quelle vérité nous as-tu apportée, — sauf la trahison finale que tu as ménagée aux dieux après t’être constitué leur défenseur ? Car tu entames les louanges du Dieu suprême, tu le proclames roi, très grand créateur de l’univers, Source du Bien, père de toutes choses, qui a formé et qui conserve les vivants ! Tu as enlevé à ton Jupiter son royaume, tu l’as évincé du pouvoir suprême et relégué au rang des subordonnés. Ta propre conclusion apporte donc la preuve de ta sottise, de ta folie, de ton erreur. Tu affirmes l’existence des dieux et tu les subordonnes, tu les assujettis à ce Dieu dont tu essaies de renverser le culte !

III

Ce qui est contenu dans le Philalèthès — en dehors du paradoxe par lequel il se vante de mettre sur le même pied notre Maître et Sauveur et le philosophe de Tyane — n’appartient pas en propre à cet ouvrage, mais est tiré effrontément d’autres écrits, non seulement pour le fond, mais encore mot pour mot et, pour ainsi dire, syllabe par syllabe.

C’est en ces termes que s’exprime Eusèbe de Césarée au

  1. Amis de la vérité. Ce pluriel s’accorde avec le substantif libros. Le titre authentique devait être Λόγος Φιλαλήθης, Discours ami de la vérité. Celse avait intitulé plus hardiment son livre « Discours véridique ».