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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/373

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soins qui fomentaient les troubles. « Les proscrits, s’écriait-il[1], ont été libérés et ceux dont les biens avaient été confisqués ont pu les recouvrer intégralement en vertu d’une de nos lois. Malgré cela, ces énergumènes en sont venus à un tel excès de démence que, se voyant empêchés d’exercer leur tyrannie et de continuer leurs violences, tout d’abord entre eux, puis contre nous qui servons les dieux, ils s’exaspèrent ; ils remuent ciel et terre ; ils osent agiter les foules et les ameuter, sans respect pour les dieux, sans égard pour nos ordonnances, cependant si pleines d’humanité. »

En fait, il continuait, par toute une série de mesures, à restituer aux prêtres païens leurs immunités et leurs privilèges, tandis qu’il dépouillait des siens le clergé chrétien[2]. Ses adversaires voulaient la bataille : il l’accepta et la conduisit avec une vigueur, une âpreté, une violence injurieuse qui obligent tel de ses modernes admirateurs à avouer « qu’il oublia plus d’une fois sa tolérance et son humanité dans l’entraînement de la lutte » et « qu’il perdait toute mesure quand il s’agissait de venger les outrages faits à ses dieux[3] ».

J. Bidez, qui a étudié de près l’évolution de la politique de Julien, et par une considération attentive de la chronologie en a marqué les étapes d’une façon plus précise qu’aucun autre historien, observe que, dans le fameux

  1. Lettre aux Bostréniens, Bidez, no 114, p. 193.
  2. M. Bidez a habilement reconstitué dans le Bull. de l’Acad. royale de Belgique, 1914, p. 422 et s., la loi du 13 mars 362, dont nous possédons cinq extraits dans le Code Théodosien sous les rubriques les plus diverses. Cette loi tendait à restreindre les exemptions trop onéreuses introduites par les précédents empereurs, et dont pâtissaient plus ou moins les finances de l’Empire.
  3. Vacherot, II, 167. L’excellent humaniste Constant Martha, qui a esquissé une réhabilitation de Julien (Études morales sar l’Antiquité) dit joliment, p. 293 : « Il vint un jour où il n’eut plus la force de se tenir renfermé dans sa modération. »