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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/375

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J’ai usé envers tous les Galiléens de douceur et d’humanité, de manière qu’aucun d’eux ne fût nulle part violenté, ni traîné au temple, ni contraint par de mauvais traitements à quelque autre action contraire à sa volonté. Cependant, ceux de l’église arienne, enflés de leurs richesses, ont attaqué les Valentiniens et commis dans Edesse des excès qui ne pourraient jamais se produire dans une ville bien policée. Or donc, puisque la plus admirable des lois leur enjoint de renoncer à ce qu’ils ont afin de parcourir plus aisément la route qui mène au royaume des cieux, associant à cet égard nos efforts à ceux de leurs saints, nous ordonnons que tous les biens de l’église d’Edesse leur soient enlevés, l’argent pour être donné aux soldats et les terres pour être réunies à notre domaine privé. Ainsi la pauvreté les rendra modestes, et ils ne seront point exclus de ce royaume céleste qu’ils espèrent encore !

À une supplique où l’évêque de Bostra, en Arabie, et son clergé lui avaient fait connaître la difficulté qu’ils éprouvaient à garder en main les masses chrétiennes et à les détourner de tout excès, il répondait par cette mesquine lâcheté de faire connaître directement aux Bostréniens les appréciations un peu pessimistes que venait de porter sur eux leur évêque[1].

Voilà, leur écrivait-il, en quels termes votre évêque parle de vous. Vous voyez que ce n’est pas à votre esprit qu’il attribue votre tranquillité. C’est malgré vous, dit-il, que vous êtes retenus par ses exhortations. Puisqu’il vous accuse ainsi, expulsez-le spontanément de votre ville.

Ajoutons qu’il ne décourageait que fort mollement les séditions païennes, qu’il laissa les émeutes sanglantes se multiplier dans maintes villes sans exercer de répression sérieuse, tandis qu’il frappait durement d’amendes, d’exil ou même de mort les délinquants chrétiens, allant jusqu’à

  1. C’est pourtant à propos de cette manœuvre peu loyale que Voltaire s’écriait : « Relisez sa lettre cinquante-deuxième, et respectez sa mémoire ! » (Questions sur l’Encyclopédie, s. v. Apostat).