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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/408

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Moïse annonce un prophète, non un Dieu. Il le fait descendre de Juda, auquel Jésus ne se rattachait nullement, puisque les chrétiens enseignent qu’il n’était pas né de Joseph, mais du Saint-Esprit.

Quant à Joseph, vous le rattachez à Juda, dans vos généalogies, et ici encore vous ne réussirez pas à combiner des fictions plausibles. Matthieu et Luc se réfutent par le simple fait qu’ils sont en désaccord sur la généalogie de Jésus[1].

Au surplus, Moïse ne connaît absolument qu’un seul Dieu. Il ne fait nulle allusion à un Dieu « semblable » ou « dissemblable[2] ». Ses affirmations réitérées de l’unicité divine ne peut laisser planer aucune équivoque sur sa pensée. — Nous aussi, diront les chrétiens, nous n’admettons qu’un seul Dieu. — Le début de l’Évangile de saint Jean prouve le contraire, puisqu’il y est fait une distinction entre le « Verbe » et « Dieu ».

Le passage d’Isaïe (V, 14) est également inopérant. Isaïe parle d’une vierge ; or Marie était mariée. Isaïe dit qu’elle accouchera d’un fils, il ne parle pas d’un Dieu. Au surplus, si le Logos est Dieu et procède de Dieu, de quel droit appelle-t-on Marie « mère de Dieu[3] » ?

Nulle part, Moïse ne fait allusion à un « Logos-Dieu fils unique », ni à un « Fils de Dieu[4] ». Là où il parle de fils de Dieu, il est clair qu’il fait allusion à des anges, ceux qui s’éprirent des filles des hommes[5].

Autre divergence. Les chrétiens méprisent les sacrifices.

  1. P. 212, 7.
  2. οὔτε ὅμοιον οὔτε ἀνόμοιον (p. 211, 6). Allusion aux controverses du temps sur la Christologie.
  3. θεοτόκος (p. 214, 10). Il raille la vision nébuleuse des prophètes, dans un fragment de lettre, éd. Hertlein, p. 679-680.
  4. τόν μονογενῆ Λόγον υἱὸν ἣν υἱὸν θεοῦ (p. 215, 16).
  5. Genèse, VI, 2 et s.